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Puerto Natales

récit de voyage no 10

Retour au Chili

Après 6 heures de bus, nous arrivons à Puerto Natales. En fait, nous n’en avons en réalité fait que 4h30. Lorsque l’on traverse la douane d’Argentine au Chili, il faut être très patient. Les Chiliens ont tellement peur que les personnes venant des pays voisins leur amènent des petites bêtes qu’ils font passer tous nos bagages au scanner, et comme ils ne sont pas très organisés, avec un bus de 60 passagers cela prend du temps ! Mais ont-ils pensé aux petites bêtes cachées dans nos habits et celles collées à nos semelles ? Bref, c’est leur affaire !

Puerto Natales est un petit port tranquille aux maisons colorées, il semblerait que les Chiliens aiment peindre leur maison de toutes les couleurs, ainsi malgré la grisaille des jours couverts, cela donne de la clarté. Nous logeons dans l’hostal "Isla Moreno", Claudio, le propriétaire est très sympathique et intéressant. Il nous apprend qu’ici ils ont de la chance, car ils ne connaissent pas le chômage, il y a largement du travail pour tout le monde et il n’y a donc pas de pauvreté. Malgré cela les jeunes semblent ne plus vouloir faire des enfants, trop de sacrifices ! Claudio a aujourd’hui 44 ans et lorsqu’il était petit, dans son école, ils étaient alors 1000 écoliers, aujourd’hui il n’y en a plus que 200 ! On s’y sent bien dans cet hostal, il y a un petit salon avec cheminée et une bibliothèque remplie de livres et de DVD (films) mis à disposition de tous les clients. Il y a des jours je resterais bien dans notre chambre à regarder des films au lieu d’aller nous geler dehors. Euh! nous ne sommes pas là pour regarder des films, mais pour aller découvrir cette splendide région qui a été déclarée réserve mondiale de la biosphère par l’UNESCO en 1978.

À peine arrivés que nous rencontrons un charmant couple, Timothé, français de 24 ans et sa compagne Lisette, Chilienne de 27 ans, qui travaillent tous les deux dans une agence d’écotourisme. Ils nous emmènent le lendemain à la Feria annuelle de Puerto Natales. Celle-ci ressemble un peu à celle de Chiloé, pas étonnant, car une grande partie des habitants sont originaires de cette île. Nous avons à nouveau droit au Terremoto, ce fameux breuvage alcoolisé qui vous cloue sur place, et bien sûr nous mangeons les empanadas, cette fois-ci nous goûtons celles aux coquilles Saint Jacques, délicieux.

Ici, on vient principalement pour visiter le spectaculaire Parc National Torres del Paine. Il y a plusieurs manières de le visiter. La plus aventureuse et la plus économique est bien sûr le camping, qui il faut l’avouer, n’est pas notre tasse de thé, nous n’avons pas envie de porter de gros sacs. Nous préférerions de loin la solution refuge avec pension complète qui nous permettrait de nous balader léger. Malheureusement, tous les refuges sont complets. Il faut dire que nous sommes en pleine période des grandes vacances chiliennes. Il y a aussi la possibilité de loger dans des lodges, mais ceux-ci sont hors de prix. Finalement si l’on veut être libre, il ne nous reste pas d’autre solution que de louer durant trois jours une voiture. Ainsi au lieu de faire comme prévu le fameux "W", la rando la plus célèbre du parc qui se fait en 4-5 jours, nous faisons des trekkings journaliers. Pour cela chaque jour nous devons faire environ 1 1/2 à 2 heures de route avant et autant après nos randonnées. Finalement même si nos trajets semblent longs, nous sommes libres de nous arrêter où nous voulons pour admirer de magnifiques points de vue et faire des photos. En route, nous rencontrons des troupeaux de guanacos (famille des lamas), des nandous (sorte d’autruche), des chevaux, des lièvres, des condors qui attendent avec impatience qu’un lièvre se fasse écraser pour enfin pouvoir festoyer. Ils ne sont pas à plaindre, car sur la route, des cadavres de lièvres ils n’en manquent pas !

Il va de soi que nous visitons les emblématiques Torres del Paine. Nous partons tôt le matin et rentrons le soir. Ici en Patagonie, le temps change très rapidement, la preuve, nous commençons notre trekking sous la pluie, puis la neige et, oh quel bonheur, arrivé au mirador des Torres del Paine, le soleil, tel un spot, nous fait miroiter ces impressionnants pics qui se dégagent du ciel. Ils me font penser à d’immenses crocs. Le sentier est bien balisé et tout au long de notre balade la végétation varie selon l’altitude. Au début, nous marchons dans la steppe, puis nous traversons une belle forêt (il semblerait que plus de 200 espèces de plantes et d’arbres sont recensées) et enfin nous grimpons dans un terrain de grosses pierres avant de rejoindre le fameux mirador et de nous en mettre plein la vue.

Le lendemain, la météo prévoyant beaucoup de vent, nous décidons d’aller visiter le Lago Grey sur lequel, poussés par le vent, dérivent quelques icebergs venant du glacier du même nom. Durant notre petite balade le long du lac, nous sommes chahutés par un vent fort bien connu en Patagonie, nous marchons comme des crabes et parfois c’est tout juste s’il ne nous soulève pas tels des plumes. Il faut s’accrocher !

Notre dernier trekking dans la région est le plus dur, mais également le plus spectaculaire. Pourquoi le plus dur ? He bien, pour allez randonner à la Valle Frances il faut d’abord prendre un catamaran pour traverser le splendide Lago Pehoe qui nous donne une vue panoramique de los Cuernos del Paine. La traversée se fait en 1/2 heures. Par contre, il n’y a que trois  bateaux par jour, le premier part à 9h30 et le dernier revient à 18h30 ! Il faut normalement compter environ 10 à 11 heures de marche pour un aller/retour jusqu’au mirador britannico ! Il y a environ 27 km et 900 m de dénivellation et nous devons absolument reprendre le bateau de 18h30. En partant à 10h15, il nous reste à peine 8h15, bien moins que le temps prévu pour cette excursion. Et bien finalement nous réussissons à la faire en 8 heures (y compris les pauses). La plupart des gens dorment sur place dans des campings ou lodge ! Spectaculaire ? Je dirais même fantastique même si on en a plein les jambes, on en a aussi plein les yeux et tout au long de la journée nous découvrons un paysage varié: lac de montagne, cascades, rivières, forêt aux arbres malmenés par le vent. Le premier mirador nous amène en face d’un imposant glacier suspendu sur les pentes du Paine Grande (3050 m) où l’on entend régulièrement les craquements et les chutes des séracs. Puis plus haut, c’est le clou du spectacle, nous arrivons au mirador britannico, on se retrouve au milieu d’un extraordinaire cirque de montagne, on pourrait se croire au centre d’un immense amphithéâtre naturel, une vraie merveille !

Le lendemain pour nous remettre de nos courbatures nous faisons une mini croisière sur le fjord Ultima Esperanza qui nous permet d’admirer le glacier Serrano et, cerise sur le gâteau nous avons droit à un pisco sour avec un glaçon provenant directement du glacier !

On rencontre toutes sortes de personnes sur les chemins de randonnée, il y en a des souriantes, sympathiques, timides, potues, boudeuses, snobs, gonflées et qui se la jouent. Des peureux qui ne voyagent que dans de grands groupes, cela rassure ! Il y a les lève-tôt et ceux qui commencent la course quand tous les autres la terminent. Il y a ceux habillés en explorateurs et d’autres en tenue de plage. Il y a aussi les courageux et complètement autonomes qui transportent tout le matériel de camping et leur nourriture pour plusieurs jours. Nous reconnaissons de loin les campeurs expérimentés avec leur sac compact, des néophytes qui ressemblent parfois à des marchands ambulants tant la marchandise emportée déborde de partout de leur sac. Puis il y en a des qui ne peuvent pas se balader sans emporter sur leur dos leur transistor duquel sort leur musique préférée, qu’ils partagent sans hésitation avec tous les randonneurs, c’est à se demander si les chants des oiseaux, les grincements, craquements des arbres, le sifflement du vent leur font peur ! et enfin il y a les nationalistes, ceux qui à peine arrivés au sommet ne peuvent s’empêcher de se faire prendre en photo tous azimuts en déployant le drapeau de leur pays bien en vue, tels des pionniers ! Et finalement il y en a des comme nous, pas aussi valeureux que les campeurs, mais tout aussi indépendants, qui chérissent la beauté de la nature, la simplicité et qui sont de plus en plus allergiques aux toutous de masse ! C’est dingue, mais pourquoi tous ces braves gens sont au même endroit que nous et au même moment ?

Et depuis hier, nous sommes à Punta Arenas après 3h de bus depuis Puerto Natales.

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