El Chalten, El Calafate
récit de voyage no 9
Patagonie, direction plein sud !
Pour le sud !? C’est tout droit, il faut suivre la fameuse ruta RA 40, celle qui du Nord au Sud traverse tout cet immense pays (plus de 5000 km ). Nous embarquons dans le bus à Esquel et durant 18h30 nous parcourrons des kilomètres et des kilomètres de route droite à perte de vue. Le trajet par moment peut paraître rébarbatif, et pourtant au milieu de cette pampa qui semble à première vue désertique, on y rencontre des guanacos, des lièvres, des renards, des vaches, des chevaux, des condors, quelques maisons et l’on y croise même de valeureux cyclotouristes qui pédalent péniblement contre le vent. Ils ont bien du courage ! Ce n’est finalement pas si inhabité que cela cette légendaire route qui nous emmène droit vers le sud... La route est en partie asphaltée, mais attention lorsque le vent souffle très forte, les gravillons, les pierres se mettent à voler dans tous les sens et peuvent briser les pare-brise. Heureusement que durant notre descente le vent est faible. Il semblerait que le bus dans lequel nous roulions a dû, dans de précédents voyages, subir des vents tempétueux, car la grande vitre avant de l’étage supérieur est complètement fendue. Quelques kilomètres avant d’arriver à El Chalten l’horizon se dégage et d’un seul coup un magnifique panorama montagneux se dévoile.
Le village de El Chalten ne manque pas de charme avec ses chalets en bois de toutes les couleurs. En haute saison on compte environ 2200 habitants, nombre qu’il faut au moins quintupler une fois ajoutés les nombreux touristes ! La grande majorité n’y vit pas à l’année. Il ne doit rester guère plus que 500 habitants au cœur de l’hiver austral. Pas étonnant, l’hiver doit être bien rude par ici, déjà que durant l’été quand le vent souffle fort nous sommes frigorifiés ! Nous avons sorti nos habits chauds, car ici le temps joue au yo-yo et change rapidement et quand le vent se met à souffler rien ne va plus, on ne rigole plus.
Mais pourquoi vient-on à El Chalten ? Et bien, c’est un lieu culte pour faire du trekking, ou de l’andinisme de très haut niveau. On y vient du monde entier faire des excursions autour des deux fameux sommets, le Fitz Roy (3441 m) et le Cerro Torre (3138) dont les majestueuses aiguilles granitiques, telles des dents de requin, sont spectaculaires et restent un défi pour les montagnards chevronnés. Ces pics ne peuvent nous laisser indifférents par leur grandeur, leur beauté, leur magie. Dus à leur hauteur prédominante, ils ont tendance à jouer à cache-cache derrière d’épais nuages. Mais lorsque ceux-ci disparaissent et laissent la place au soleil, c’est un moment magique qui nous laisse sans voix. Pas loin de l’imposant Fitz Roy, il y a une jolie aiguille de 2558 m qui se nomme Saint-Exupery, en hommage au célèbre aviateur (mais néanmoins écrivain) de l’aéropostale.
Nous restons 7 jours à El Chalten et logeons dans un sympathique et chaleureux hôtel. D’ailleurs tous les matins devant la fenêtre de celui-ci nous avons la visite d’un lama et nous sommes naturellement devenus des adeptes du " daily lama" (euh c’est bien évidement de Pascal ! ).
Chaque jour, nous partons en excursion et marchons de 7 à 8 heures. Nous faisons différents trekkings tels que: la laguna de los Tres qui nous amène au pied du Fitz Roy, puis nous irons à la laguna Torre qui nous amène cette fois-ci au pied du Cerro Torre, et enfin le Loma del Pliegue Tumbado qui, du haut de ses 1 490 m. nous donne une vue splendide sur les deux principaux pics. Bref chaque jour est un régal pour les yeux !
El Calafate
Il y a deux jours nous sommes arrivés à El Calafate (4 heures de bus). Après la tournée des bodegas et celle des églises, voici celle des glaciers ! El Calafate est une ville essentiellement touristique, son attrait principal est la visite de la partie sud du parc national des Glaciers. À peine arrivés, et pour mieux comprendre la formation de ceux-ci, nous faisons un petit tour au musée "Glaciarium". Celui-ci est fort intéressant et ludique. Au moyen de photos et de films on apprend la formation de la terre, des glaciers, on découvre que notre bonne vielle planète a, durant des milliers d’années, vécus différents épisodes de réchauffement et de glaciation. Rien de nouveau, cependant ces dernières années le changement climatique se fait plus rapidement, le facteur majeur de la dégradation de notre environnement est causé principalement par l’activité humaine. Pour étoffer ces dires, avant de sortir, nous avons droit à un montage audiovisuel assez angoissant, sorte de plaidoyer pour nous faire mieux prendre conscience de la responsabilité de l’être humain dans ce désastre écologique. Après ces bonnes paroles, ce qui nous surprend, c’est qu’accolé au musée, il y a un bar en glace "Glaciobar" où l’on peut prendre un verre et dans lequel il fait -10 *C, pas très écologique tout ça ! Bref, écologie et rendement ne font pas bon ménage !
Décidément, les paysages patagoniens n’arrêtent pas de nous surprendre par leur beauté, leur puissance, leur grandeur, leur force. Nous visitons plusieurs glaciers, la majorité par bateau. Chacun d’eux nous fait vivre des émotions différentes. Le Glacier Perito Moreno, du nom de l’explorateur argentin qui a voué sa vie à la Patagonie et à son pays, est le glacier le plus facile d’accès, car on peut l’admirer par bateau, mais également par terre. Il y a des passerelles et différents belvédères aménagés à 300 m du glacier. Ce qui nous permet de prendre notre temps pour l’admirer. On a l’impression qu’un monstre nous vient droit dessus tant il est grand et haut. Il a 14 km de long, et sa langue terminale mesure plus de 4 km de large pour une hauteur de 50/60 m au-dessus d’un des bras Sud du lago Argentino. On se sent bien minuscule à côté de ce mastodonte. On pourrait rester des heures à l’observer, à imaginer des figures faites par la glace, à contempler ses couleurs qui changent suivant les reflets du soleil, à écouter ses craquements, ses grincements, ses grondements qui nous font sentir la force sous-jacente. Le clou du spectacle c’est lorsque d’immenses blocs de glace se détachent de la paroi pour tomber d’une manière fracassante dans l’eau.
Mais il y a aussi le glacier Upsala, c’est l’un des plus grands de l’hémisphère Sud, et le glacier Spegazzini, tous plus beaux les uns que les autres. Bref, au risque de me répéter, chaque journée la nature nous dévoile sa beauté infinie qui ne peut que nous rendre plus humbles.
Demain, nous repassons sur le Chili, direction Puerto Natales pour aller cette fois-ci découvrir les Torres del Paine.