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De Manaus à Tabinga (Brésil) ou L'Amazonie profonde

récit de voyage no 1

Nous avons quitté Manaus il y a une semaine. 

Même si cette ville est terriblement sale, elle reste néanmoins sur certains aspects attachante. Nous avons visité son splendide opéra "Teatro amazone" construit entre 1881 et 1896 pendant la période du boum du caoutchouc, où de nombreux planteurs étaient d'origine européenne. Les nombreux bois précieux utilisés furent d'abord exportés en Europe pour y être travaillés, puis ramenés sur place. Des splendides lustres fabriqués à Murano ont également été installés. La saison musicale présente un programme étoffé, et les opéras de Wagner y sont tout spécialement appréciés.

Nous avons fait un tour au marché de fruits, légumes, poissons et  avons découvert des types de poissons péchés dans le fleuve que nous n'avions jamais vu auparavant. 

Depuis 6 jours nous naviguons sur L'OLIVERA, un petit cargo mixte qui remonte l'Amazone. Nous remontons en fait son affluent, le Rio Negro. Comme son nom l'indique l'eau est de couleur brune. Dédales d'îles et de bras d'eau plus ou moins larges entre des rives boisées. Par intermittence, on y aperçoit des petits groupes de maisons isolées devant lesquelles jouent de nombreux enfants. Expérience fort intéressante. 

Le cargo est rempli de matériel en tout genre: construction, frigo, motos, nourriture, matelas et j'en passe, il faut dire que le fleuve reste l'unique moyen de transport entre les différentes communautés. 

A part le transport de marchandises, il y a également le transport de personnes. Par moments, j'ai l'impression que le terme bétail serait plus approprié que celui de personnes ! Imaginez env. 130 à 150 hamacs +sacs, grosses valises (sur un espace de 15 m de long et 16m de large) enchevêtres les uns sur les autres, où il n'y a pas la moindre parcelle d'intimité et où les pieds des uns vont entrechoquer la tête des autres ! 

Heureusement que Pascal a bien préparé notre voyage et nous a réservé une suite qui consiste en une petite cabine fermée avec un grand lit, une salle de bain privée et de l'air conditionné. Bref nous sommes des privilégiés. Je vous avoue que ce n'est pas un luxe et pour la petite différence de prix , il n'y a pas à hésiter, je dirais même que c'est indispensable. Si pour les indigènes, vivre les uns sur les autres parait normal, pour nous un minimum d'espace et d'intimité est indispensable pour bien fonctionner.

Sur le bateau nous sommes avec huit backpackers *gringos* très sympathiques, les autres passagers sont des brésiliens, colombiens, péruviens. Nous sommes les seuls à avoir opté pour cette solution, et quel luxe d'avoir le choix de pouvoir se retirer à tout moment dans notre cabine fraîche alors que nos copains voyageurs ne savent pas où se tenir durant la journée, car il y a très peu d'endroits où il fait frais. Nous sommes devenus experts en slaloms de tout genre! Pour nous rendre d'un endroit à l'autre, il faut savoir zigzaguer entre hamacs, enfants, adultes, sacs, valises et j'en passe. 

Autres cultures autres moeurs. Ici il n'est pas rare de voir une jeune femme de 20 ans qui a déjà 3 à 4 enfants . Elles font en moyenne 12 enfants ! Hier j'ai parlé avec un indien qui très fièrement m'a avoué avoir 27 enfants de 13 femmes différentes ! Bien évidemment, il ne peut pas comprendre pourquoi nous n'en avons pas. 

Nous rencontrons également beaucoup de jeunes passagers brésiliens  qui se rendent à Tabatinga ou dans d'autres villages le long de l'Amazone dans le but  d' évangéliser les différentes communautés. Henricke est l'un d'entre eux. Il  a 21 ans, les  yeux remplis d'amour et de tendresse . Il  a découvert après avoir vécu d'une manière misérable l'Amour de DIEU et désir partager avec ses semblables cette révélation. Henricke est  d'ailleurs convaincu qu'avec une alimentation plus saine et l'Amour Divin on peut vivre jusqu'à 150 ans. 

En parlant de transport de bétail, chaque jour à l'heure des repas alors que nous allons dans la salle à manger, j'ai l'impression que l'on nourrit les animaux. Tous les jours c'est la même nourriture midi et soir: riz , spaghetti, poulet sec et haricots secs. Aux heures de repas, après env 20 min de queue à attendre notre tour, nous accédons enfin au réfectoire . Dès que la porte s'ouvre une vingtaine de personnes se précipite  autour d'une grande table sur laquelle les assiettes et verres sont posés, et c'est la valse des plats d'un bout à l'autre de la table, il faut être bien rapide pour en intercepter un au vol.  Entre l'air conditionné dans la salle et le temps écoulé pour que nous soyons enfin servis, les aliments sont froids. Enfin après quelques jours de ce même régime froid et répétitif, j'en ai l'appétit coupé. Tous les moyens sont bons pour me mettre au régime. Heureusement qu'avant de partir de Manaus nous avions acheté au marché quelques fruits, de quoi nous apporter quelques vitamines journalières. C'est étonnant de ne jamais trouver de légumes, de fruits, de poissons dans nos assiettes alors que les marchés en sont remplis et qu'en plus ces denrées ne sont pas chères.  En tout cas, les cuisinières ne se prennent pas la tête.

Je viens de comprendre pourquoi nos repas ont été si répétitifs. Il semblerait que le propriétaire du bateau soit très près de ses sous ! 

Cet après-midi nous arriverons à Tabatinga, ville frontière entre le Brésil et la Colombie. De là nous prendrons un bateau rapide jusqu'à Iquitos , Pérou.

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