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Arequipa la ville blanche

récit de voyage no 10

Après 5 h. 30 de bus depuis Puno en traversant des paysages secs et arides, nous arrivons à AREQUIPA (2350m), deuxième ville du Pérou. Tout de suite nous nous sentons bien, il y fait moins froid  et l'altitude est plus agréable pour moi, je suis moins essoufflée, quand à Pascal, cela ne fait pas de différence.
 

Le premier jour, nous devons apprivoiser cette grande et superbe ville dont les beaux édifices coloniaux bâtis en "sillar", une roche volcanique claire qui brille au soleil, lui ont valu le surnom de Ciudad Blanca (ville blanche). Ici, le coeur de la ville bat à un rythme effréné, et les rues sont remplies de taxis, véritable microcosme de Pérou moderne. Les mamitas sont remplacées par  des vendeurs ambulants, des  banquiers, des artistes, des religieuses, des clochards et des touristes. Très  vite nous apprenons à aimer cette grande ville pleine de charme et d'histoire.

 

Etrangement nous avons  l'impression de vivre à Arequipa depuis longtemps.

La Plazza de Armas est majestueuse avec sa cathédrale. Celle-ci est la seule église du pays à occuper une place sur toute la longueur. A l'intérieur nous pouvons admirer les splendides orgues qui seraient les plus grands d'Amérique du Sud. Dommage qu'ils ne soient utilisés qu'une fois par année à l'occasion de Noël. L'organiste vient chaque année spécialement de Belgique pour y jouer car ici à Arequipa, il n'y a malheureusement pas d'organiste. Au centre de la Plazza, une grande fontaine où des centaines de pigeons viennent s'abreuver pour le plus grand bonheur des enfants qui courent après eux et les nourrissent de graines.

On y voit également des écrivains publics avec, posées sur leur genoux, de vieilles machines à écrire, puis plus loin des photographes qui immortalisent les portraits de famille devant la cathédrale ou devant la fontaine.

On y trouve aussi des amoureux qui se bécotent sur les bancs publics et enfin les touristes qui photographient à tout va pour garder un souvenir du Pérou. Bref c'est un lieu où l'on prend le temps de vivre, de rêver, d'observer, d'aimer. On se croirait sur la scène d'une pièce de théâtre où chacun de nous fait partie des protagonistes.   

Les églises ne manquent pas à Arequipa, elles sont toutes plus belles les unes que les autres.

 

Chaque dimanche, comme partout dans le Pérou, nous avons droit,  au défilé militaire mais aussi à des processions durant la semaine pour un saint quelconque qui marient les gens de l'église et la fanfare militaire.  Comme je l'ai dit dans une  précédente rubrique,  c'est du pareil au même. Tout n'est que pouvoir, superstition et hypocrisie.

Puis il y a le Monasterio de Santa Catalina, nous le visitons durant 4 heures tant il nous subjugue.

Il compte parmi les édifices religieux coloniaux les plus extraordinaires du pays. Il est entouré de hautes murailles et occupe presque 20 000 m², on a l'impression d'être dans un village au milieu de la ville. Ce lieu déconcertant nous plonge dans un monde enfermé et secret, où la vie hors du monastère est oubliée, inexistante. Nous déambulons dans des passages sinueux de couleur bleue et orange et découvrons des cellules, des plus austères aux plus luxueuses, selon la fortune de leur occupante. Car à l'époque, avant l'intronisation du Pape Pie IX, Maria de Guzman, la fondatrice du couvent, puis ses successeuses sélectionnaient soigneusement les nonnes. Elles n'acceptaient que les filles issues des meilleures familles espagnoles, qui lui apportaient bien évidemment une dote intéressante. Ce monastère est un paradis pour les photographes.

Dans l'une des nombreuses salles que nous visitons, nous avons la chance de tomber sur un tournage d'un  film concernant la vie de Santa Ana. Durant la pause, nous sympathisons avec un charmant acteur avec qui nous parlons de tout et de rien pendant 3/4 heures. Avant de nous quitter nous lui mentionnons que nous avons une très  bonne amie d'Arequipa qui vit depuis 30 ans à Genève. Nous n'avons pas le temps de terminer notre récit, qu'il le continue en donnant plusieurs détails la concernant. En fait, pure coïncidence, nous tombons sur un très bon ami d'Amparo. Il faut le faire dans une ville de plus d'un million d'habitants, non !

Le musée  Santury, où le corps gelé de "Juanita, princesse des glaces" repose, mérite également une visite. Nous découvrons l'histoire émouvante d'enfants incas sacrifiés et offerts au dieu Apu Ampato. Les Incas, qui vénéraient les montagnes comme des dieux, offraient ponctuellement des sacrifices humains, en particulier des enfants, pour se prémunir des éruptions volcaniques, des avalanches et des catastrophes climatiques déjà courantes à l'époque. Juanita a été découverte le 8 septembre 1995. Le volcan Ampato, 6'380 m., a gardé dans son sein près de 500 ans cette jeune fille inca qui, au moment de sa mort, devait avoir de 12 à 13 ans. Grâce aux basses températures, le corps de la jeune inca, qui avait été enveloppé, est demeuré presque intact pendant quelques 500 ans.

 

Nous entendons régulièrement, durant la journée à travers les rues et ruelles, et ceci parfois très fort, parfois de manière lointaine, la mélodie d'une fugue de Bach jouée d'une façon fort rapide, ou un morceau de Richard Clayderman. Cela aiguise notre curiosité. Pour en savoir plus nous suivons la musique à la trace. En fait dans beaucoup d'endroits au Pérou, afin de ne pas laisser les ordures à même le sol dans la rue, chaque camion poubelle avertit la population de son passage à l'aide de diverses musiques. Ainsi  chacun est mis au diapason, si j'ose dire, et peut mettre directement ses sacs poubelles dans le camion. Et comme il fait plusieurs passages dans les différents quartiers, tout au long de la journée et ceci toujours avec le même refrain, euh au bout du 10ème passage nous aimerions bien entendre en autre  refrain !

 

Autre curiosité rencontrée dans la rue. Si vous avez besoin d'un certificat médical, vous devrez d'abord acheter un certificat médical vierge, que vous trouverez à la banque, ou bien devant celle- ci, vendus plus chers par des vendeurs ambulants (15 Soles / CHF 3,-), puis apporter ce document vierge à votre médecin qui le complétera. Mais pourquoi la banque et pas la pharmacie ?  Pas très logique tout cela ! Parfois faut pas trop se poser de question ou au contraire essayer de comprendre le bien fondé de certaines absurdités ! 

Si Arequipa est une ville remplie de richesses culturelles, elle constitue également un camp de base idéal pour aller explorer les alentours.  Arequipa est située au coeur de l'une des régions les plus sauvage du Pérou. De superbes montagnes d'origine volcanique entourent cette ville. 

Chaque jour de la terrasse de notre hôtel,  nous pouvons admirer le Chachani (6075m) et El Misti (5822m). Pascal retrouvant ses vieux réflexes de montagnard ne résiste pas à l'envie de gravir le sommet du Chachani. Et c'est accompagné d'un guide et de trois autres touristes qu'il en réalise l'ascension en deux jours, avec un camp de base à 4950m.

Nous ne pouvons pas quitter Arequipa sans faire un détour par le cañon del Cotahuasi, qui se trouve à 10 heures de bus de la ville. Ce canyon est le 3eme plus profond au monde. Exceptionnellement et pour des raisons pratiques, nous passons par une agence pour organiser une excursion de trois jours dans la région de Cotahuasi.  Nous sommes un mini groupe : Gilles, un français et nous deux. Notre départ est prévu à 6 heures du matin. Pas de chance la nuit précédent notre départ, j'ai, à mon tour, de terribles coliques de ventre, fièvre et  tourista. Pas question de partir  dans cet état. Malheureusement, nous ne pouvons  ni reporter le tour ni nous le faire  rembourser. Après de longues tergiversations et afin de ne pas perdre tout l'argent dépensé pour cette excursion, nous décidons ensemble qu'au moins un en profite, et c'est la raison pour laquelle Pascal à contre coeur part avec Gilles, Romi la guide et Jose le chauffeur.

Entre temps, je consulte un médecin, des analyses sont réalisées, et  je découvre sans surprises que j'ai des parasites ! Décidément le Pérou ce n'est pas le pérou question alimentation ! A 9 h.  je sors de la Clinique avec une boite d'antibiotique. A présent que j'ai un traitement adéquat, je n'ai plus d'excuses pour ne pas visiter le canyon de Cotahuasi. Je m'empresse d'aller à l'agence pour trouver une solution pour rejoindre Pascal et Gilles. L'unique solution est de prendre le bus de nuit, départ 17 h. 30 et arrivée à 4 h.30. Je cours acheter un billet. 

 

Alors que je retourne à l'hôtel pour faire les sacs, Sandra la réceptionniste me dit spontanément "pas question de te laisser partir seule je viens avec toi !" Ah bon ?! Ok ! Et c'est ainsi que sans l'avoir prévu, nous nous retrouvons Sandra et moi dans le bus de nuit. Nous ne dormons pas beaucoup entre les arrêts, la route cahoteuse, la poussière. Dans une nuit d'encre, seul l'éclairage des phares nous fait deviner le paysage désertique qui nous entoure. Impression lunaire encore augmentée par la voute céleste qui nous surplombe de ces milliards d'étoiles. Expérience unique et magique. Nous arrivons comme prévu à 4 h. 30 à Tomapampa, pueblito perdu au fond du Canyon de Cotahuasi où un Pascal endormi nous attend devant l'hôtel. 

De jour nous découvrons dans la vallée des volcans, des flancs de canyon secs et désertiques dont les strates géologiques laissent deviner l'histoire turbulente des volcans de cette région. Environ deux fois plus profond que le Grand Canyon du Colorado, le canyon de Cotahuasi comporte des dénivelées de plus de 3500 m. Une promenade nous emmène en haut de la cascade de Sipia d'où nous admirons les éclaboussements de ces trois rebonds successifs de plus de 100m de haut.

Nous terminons la journée dans un bain relaxant des eaux thermales près d'Alca. Un vrai régal ! Puis le lendemain, nous reprenons la route pour Arequipa. Durant ces trois jours nous traversons des paysages hors du commun à couper le souffle. Ceux-ci sont émaillés de sommets enneigés tel le Nevado Coropuna (6613m), au pied duquel une lagune turquoise repose, où un grand troupeaux de lamas, d'alpagas, de vigognes et de guanacos vient s'abreuver.

Puis il y a des dunes de sables dignes du Sahara où sur un flanc de coteau aride, des roches volcaniques blanches présentent des gravures d'êtres humains et d'animaux stylisés, puis des cactus géants et enfin en bas du canyon des oasis où des rizières vertes tendres s'étendent sur le fond de la vallée. Seul bémol, nous n'avons pas vu de condor ! Nous rentrons empoussiérés  des pistes non asphaltées mais heureux !

Nous sommes loin d'avoir tout visité à Arequipa, une fois de plus c'est avec beaucoup de regret que nous quittons ce charmant endroit. Demain nous continuons notre route sur Nazca.

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